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Les échecs, un milieu sexiste comme les autres



Les échecs sont, comme les autres sports, un monde sexiste où les femmes doivent, comme d’habitude, lutter pour s’intégrer et s’imposer. Des role models féminins brisent le plafond de verre et atteignent le très haut niveau, ou travaillent au quotidien pour féminiser les échecs.


La Reine des échecs, Judit Polgár, grand maître international qui a battu Garry Kasparov, se souvient : « J’ai eu des opposants qui ont refusé de me serrer la main. Il y en a même un qui a tapé sa tête contre le plateau après avoir perdu. » Anémone Kulczak, arbitre internationale et ancienne joueuse, a entendu qu’elle « venait piquer la place des garçons quand elle jouait en mixte » ou qu’elle était « trop belle pour être arbitre ! ».




L'arbitre internationale Anémone Kulczak Crédit: A. Macarri - Université Côte d'Azur


Quand les entraîneurs font travailler différemment filles et garçons, quand le sexisme ordinaire fait partie du quotidien, pas évident de percer, ou tout simplement avoir envie de jouer aux échecs. Mais certaines persévèrent dans leur passion, et deviennent des championnes, comme Sophie Milliet, Marie Sebag, Estée Aubert, Margaux Lefèvre, que j’ai interviewées dans le numéro 2 de Route 64 dans le dossier consacré à la place des femmes dans les échecs.

Les championnes sont des role models en puissance, comme l’est Beth Harmon, la jeune prodige de The Queen’s Gambit. Entre novembre 2020 et début février 2020, la plate-forme d’échecs en ligne Chess.com a vu 3,2 millions de nouveaux utilisateurs avec un record de 27 % d’utilisatrices, une hausse de 5 % en trois mois. En France seule un licencié d’échecs sur cinq est une femme : 20,2% au 31 août 2020.


Féminiser les échecs

Certaines championnes œuvrent particulièrement pour la féminisation des échecs. Susan Polgár a créé sa fondation qui promeut les échecs auprès des jeunes filles et jeunes garçons ou l’américaine Jennifer Shahade dirige le programme de la fédération américaine des échecs dédié aux femmes ; elle a publié en 2005 Chess Bitch: Women in the Ultimate Intellectual Sport (éditions Silman-James Press) qui dresse le portrait de grandes joueuses tout en mettant en lumière les préjugés sexistes du monde des échecs, et, en 2011 Play Like a Girl! (éditions Mongoose Press) qui rassemble des positions tactiques des meilleures joueuses d’échecs.

Il n’y a pas que les championnes, mais aussi les dirigeantes et arbitres. Anémone Kulczak, arbitre internationale et vice-présidente de l’échiquier antibois, explique : « Je suis pour la discrimination positive dans l’arbitrage des compétitions fédérales, que ce soit au niveau FFE ou FIDE, accompagnée de la communication adéquate, afin de susciter des vocations chez les femmes. »

Des solutions existent pour féminiser les échecs : mise en place de quotas, ce qui a été fait en France en 1990, faisant progresser le nombre de licenciées, aller vers l’égalité des primes pour les titres de champion et championne de France, développer les compétitions mixtes, féminiser les directions des clubs, l’arbitrage... Reste à coordonner les méthodes et les efforts pour une meilleure efficacité.

Vous trouverez de nombreuses informations sur cette thématique, des portraits de championnes actuelles, dans le dossier de 30 pages qui lui est consacré dans le numéro 2 de Route 64, auquel j’ai contribué avec Fabrice Hodecent et Jérôme Maufras. En ligne, vous avez accès au quiz sur les échecs féminins que je vous ai concocté et qui vous donne un avant-goût du dossier complet.


Des solutions dupliquables

Et dans le numéro 3 de Route 64 à paraître à la rentrée, je zoome sur les bonnes pratiques pour féminiser les échecs, avec un encadré sur ce qui est fait dans le rugby. Car dans de nombreux milieux, y compris l’entreprise et l’université qui souffrent aussi de manque de mixité et d’inégalités femmes-hommes, on peut s’inspirer des bonnes pratiques dans d’autres domaines pour faire progresser l’égalité, la diversité et l’inclusion.


Christine Calais

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